mardi 6 mai 2008

Les Chiclets

Le dernier post de L'Ex m'a ramené moi aussi 15 ans en arrière alors que je terminais ma 6e année du primaire. Dans ma classe il y avait un p'tit garçon tout maigrichon et terriblement timide. Avec du recul, je crois que sa timidité était grandement due au fait qu'il était le souffre-douleur de la cour d'école entière depuis sa 1ère année.
Imaginez, une fois il avait une présentation orale de 5 minutes à faire devant la classe et il est resté debout pendant les 5 minutes entières sans dire un seul mot en fixant ses soulier malgré l'insistance de notre prof pour qu'il dise quelque chose.
J'me souvient qu'il était très mal habillé et qu'il ne sentait pas très bon et aujourd'hui je réalise que ses parents préféraient acheter une 24 de O'Keefe au dépanneur plutôt que d'aller faire un tour chez Aubaines Choc (Ceux du lac vont comprendre celle-là) pour tenter de doter le petit de fringues moyennement potables qui auraient sûrement contribuées à hausser son estime de soi. Ça explique beaucoup de choses selon moi...
Il était toujours le dernier choisi pour jouer au ballon-chasseur et son expérience ne durait jamais bien longtemps car il était la cible favorite des ''toughs'' de la classe. Le tout tournait inévitablement en conflit, engueulades et souvent se terminait en bagarre.
Pour ma part, même si il n'a jamais été mon ami et que je n'ai jamais rien fait pour, je n'ai jamais ''bavé'' ce garçon qui portait le nom de famille Chiquette (de là le titre de mon post qui était le surnom que tout le monde lui donnait...).
Tout ça pour dire qu'il y a de cela 3 ou 4 ans, alors que j'étais en visite dans mon patelin jeannois et que je trinquais avec des amis dans un bar que je ne nommerai pas, apparaît devant moi un fantôme qui longeait le mur, comme à l'époque. Vous l'aurez deviné, c'était ''Chiclets'' qui m'avait reconnu... et en plus, il se dirigea droit vers moi pour me parler. Il me demanda alors une ''Pof'' de cigarette (Hey oui! on avait encore le droit dans le temps...) et me regarda longuement sans détourner son regard toujours aussi vide de sur moi. J'y ai détecté une certaine reconnaissance de sa part que je lui adresse la parole dans ce bar où tout le monde semble connaître tout le monde sauf lui... Mais, il semblait tellement usé par la vie que ça ma frappé.
Étant donné que j'étais tout de même en situation de facultés affaiblies ce soir là, cet évènement m'a grandement bouleversé. Depuis ce temps, j'ai dans ma tête l'image de ce garçon en train de pénétrer dans une école armé jusqu'aux dents et tirer, le visage impassible, sur tout ce qui bouge...
il aurait le profil parfait...